Les Halles de Schaerbeek: une maison polymorphe où la culture fait place à tous

Les Halles de Schaerbeek sont une maison culturelle dynamique où les disciplines, les publics et les idées se croisent. L'espace est réinventé pour chaque représentation, avec l'accessibilité et l'inclusion comme valeurs fixes. Un lieu unique où Bruxelles se réunit dans toute sa diversité.

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Cathy Simon
Directrice du pôle public, Les Halles
Façade des Halles de Schaerbeek à Bruxelles.

Au cœur de Bruxelles, dans la commune de Schaerbeek, se dresse une imposante halle de métal et de verre. Autrefois marché couvert, elle est aujourd’hui un lieu culturel vibrant: Les Halles de Schaerbeek sont un espace où se croisent danse, cirque, performance et musique, mais aussi un lieu où société et art partagent littéralement et symboliquement un même espace.

La halle, construite au début du XXᵉ siècle, a été reconvertie dans les années 1980 en centre culturel. Depuis, elle est devenue l’un des lieux les plus singuliers et polyvalents de Bruxelles. Elle est aujourd’hui reconnue pour son « caractère polymorphe », une maison sans forme fixe mais animée par une conviction forte: la culture appartient à toutes et tous.

Un espace qui bouge, un public qui vit l’expérience

Dès que vous entrez dans la grande halle, vous le ressentez: ce n’est pas un théâtre « classique ». Il n’y a ni scène fixe ni tribune figée. Tout est monté et démonté pour chaque spectacle, ce qui permet à l’espace d’être réinventé à chaque fois.  Cathy Simon, directrice du pôle public : « Nous sommes une salle polymorphe, où tous les visages peuvent être dessinés. »

Cette flexibilité est à la fois pratique et symbolique. Elle reflète l’ADN artistique des Halles: ouvert, mouvant et inclusif. Cette absence de structure rigide permet d’accueillir des événements qui ne trouveraient pas leur place ailleurs: de la danse contemporaine à de grandes formes de cirque, de performances intimistes à des concerts d’artistes internationaux comme FKA Twigs ou Soulwax. Comme le dit Cathy Simon : « On voit ici des choses qu’on ne voit nulle part ailleurs. »

Intérieur des Halles avec pont lumineux et flightcases noires au sol.
© Jente Waerzeggers

Trois missions qui se renforcent: art, lien social, société

La mission des Halles s’appuie sur trois piliers:

  • Soutenir les artistes et donner vie à de nouvelles créations.
  • Créer du lien avec le quartier et ses habitants.
  • Être attentif aux enjeux sociétaux comme la diversité, la justice et l’inclusion.


Le Grand Marché illustre parfaitement cette mission: pendant trois jours, les Halles ouvrent leurs portes au quartier et à tous les publics. Le nom rappelle le passé de marché du lieu, mais la programmation est résolument contemporaine: terrain de basket pour enfants et ados, balançoires, spectacles, ateliers et une foule de rencontres spontanées. Simon: « Venez comme vous êtes. Nous ouvrons toutes les portes, au sens propre! »

Le Grand Marché incarne la vision des Halles: Un espace culturel ouvert et accessible à tous. Simon raconte que certains enfants sont visiblement tristes lorsque l’événement se termine, signe que le lien avec le quartier est bien vivant.

Nous voulons faire en sorte que chacun se sente bienvenu, quel que soit l’âge, l’origine, la religion, le corps ou l’identité de genre.
-- Cathy Simon
--- Directrice du pôle public, Les Halles

L’accessibilité comme évidence

Ici, l’accessibilité n’est pas un projet parmi d’autres mais une façon de travailler. L’infrastructure est adaptée aux personnes à mobilité réduite, une assistance personnelle est prévue si nécessaire, et l’équipe réfléchit en continu à la manière dont chacun peut se sentir à l’aise.

Un des projets les plus marquants: les « performances relaxed », destinées aux personnes autistes ou ayant des besoins spécifiques. Comme l’explique Cathy Simon: « Vous pouvez sortir, rentrer, boire, manger, crier. Tout cela fait partie du spectacle. » Cathy Simon

L’idée est née en Angleterre, mais s’intègre parfaitement aux valeurs des Halles. « Nous ne prétendons pas à la perfection, » dit Cathy Simon. « C’est un travail en cours. Nous essayons chaque année de trouver des solutions pour que le public se sente mieux. »

Une force: la collaboration

Ce qui distingue les Halles, ce n’est pas seulement leur programmation interdisciplinaire, mais aussi leur réseau de partenaires. Les Halles collaborent avec de nombreuses institutions culturelles à Bruxelles et ailleurs: le Théâtre National, Kaaitheater, Charleroi danse, Théâtre La Balsamine, parmi d’autres. Simon: « C’est un signe d’ouverture vers le monde culturel bruxellois. »

Grâce à ces collaborations, des productions d’envergure voient le jour et le public devient plus large et divers.

Le croisement des publics est, selon moi, vraiment très importante.
-- Cathy Simon

Un des projets majeurs: le festival It Takes a City, organisé chaque année en février. Il regroupe huit partenaires francophones et néerlandophones, et offre une scène à des artistes « qui ne sont plus tout à fait débutants mais pas encore pleinement confirmés ». En unissant leurs forces, ces partenaires peuvent atteindre un public plus vaste et aider les artistes à obtenir une visibilité internationale.

Le public comme boussole

Le public est au centre de tout ce que font les Halles. Cathy Simon décrit sa démarche avec chaleur et curiosité: elle ne se contente pas des chiffres ou des graphiques, mais elle observe.

Je vais voir par moi-même. Chaque spectacle qui passe aux Halles, je vais voir. Je suis à chaque première. Comme ça, je vois aussi qui est le public. Et à chaque fois, je suis très étonnée de cette diversité de public qu’on a ici.
-- Cathy Simon

Pour autant, elle utilise les données via ticketmatic pour alimenter son intuition: qui achète les billets, d’où viennent les personnes, quelles représentations les attirent. Ça lui permet de savoir « où est le public », au sens propre et figuré. « Je pense avoir une bonne idée de mon public, mais j’essaie surtout d’être très présente dans ma salle. »

Les newsletters permettent de recontacter les visiteurs, souvent selon leurs intérêts précédents. Il n’y a pas de formule d’abonnement ni de programme de fidélisation formel, mais un sentiment grandissant de communauté. « Il y a un public fidèle qui revient à chaque fois… qui apprécie notre ouverture, ressent l’énergie du lieu. »

De marché couvert à lieu de culture

L’histoire des Halles est celle d’un espace qui se réinvente sans cesse. Là où étaient vendus poissons, fruits et légumes, aujourd’hui s’échangent idées, émotions et expériences artistiques.

Nous pouvons commercer dans des émotions artistiques, dans le partage et la générosité.
-- Cathy Simon

Cette phrase résume tout. Les Halles sont aujourd’hui non seulement un lieu d’exposition d’art, mais aussi un lieu où l’on apprend à regarder, à ressentir et à se rencontrer. Le caractère polymorphe de la maison, flexible, multilingue et centré sur l’humain, en fait le miroir de Bruxelles elle‑même: diverse, mouvante, imprévisible mais toujours ouverte.

Conclusion: la culture comme pont

Les Halles de Schaerbeek montrent qu’une institution culturelle peut être bien plus qu’une scène. C’est un lieu de connexion, un espace où les disciplines se croisent et où chacun peut se sentir bienvenu. La force de ce lieu ne réside pas dans une formule fixe, mais dans sa capacité à bouger.

Nous essayons ici que chacun se sente bienvenu. Les Halles, c’est pour tous et toutes.
-- Cathy Simon

En bref: Les Halles de Schaerbeek sont une maison polymorphe au cœur humain. Un lieu où la culture ne trace pas de frontière, mais bâtit des ponts.

Panneau indiquant la Grande Halle derrière un rideau bleu clair.
© Jente Waerzeggers

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